Nelumbo nucifera
Sur l’écran noir et blanc du moniteur, une image bien étrange prenait forme, impossible paysage fait d’une multitude désordonnée de pics gris clair surplombants d’innombrables vallées tortueuses, plus sombres, par endroits presque noires.
Non loin de là, dans un autre laboratoire, un écran semblable, déroulait un graphique sans fin, succession de pointes et de creux inégaux, incompréhensible visualisation de phénomènes échappant au sens profane.
Pureté…Eternité… En ce début des années 2000, des hommes cherchaient à pénétrer des secrets inscrits dans les légendes et les traditions de l’Orient extrême depuis des temps immémoriaux. Ils avaient voyagé jusqu’au cœur de la Chine, creusé la tourbe noire de marais asséchés depuis des siècles, et surtout lu et relu les textes anciens, cherchant jusque dans les récits sacrés du bouddhisme les indices pouvant les aider dans leur inlassable quête.
En Inde, ils s’étaient agenouillés devant la fleur et sa beauté, la priant humblement de leur offrir quelques unes de ses feuilles, et ils avaient fouillé le sol alentour, espérant trouver dans les couches profondes de la terre, quelques graines millénaires.
Nelumbo nucifera, le lotus sacré, vénéré dans toute l’Asie, gardait bien des secrets, des grands et des petits, mais pouvait-il, à l’aube de ce nouveau siècle les partager ? « Le monde est aveugle et rares sont ceux qui voient » avait dit Bouddha et quelques hommes de science avaient ouvert les yeux.
Alors le chercheur avait versé du miel sur une feuille de lotus et le miel avait coulé comme de l’eau, ne laissant pas la moindre trace de son éphémère passage. Comment expliquer ce prodige qui avait fait du lotus un symbole de la pureté ?
Sur l’écran du moniteur renvoyant l’image d’une feuille, agrandie des dizaines de milliers de fois par le microscope électronique, le secret se dévoilait dans une multitude de micro aspérités empêchant toute substance d’atteindre sa surface. Le secret de la pureté….idée de matériaux nouveaux, restant à inventer.
Et puis il y avait cette histoire qui racontait que la graine du lotus était immortelle… Le secret de l’éternité. Mythe ou réalité ? De tous les voyages effectués, des graines avaient été trouvées, des graines anciennes, vieilles de 500 ans, et d’autres âgées de plus de 1000 ans. L’une d’entre elles avait germé. Nelumbo nucifera était bien la fleur prodigieuse que les livres anciens décrivaient.
Au cœur du laboratoire, le code génétique du lotus sacré se dessinait sur un écran et sous le regard admiratif et émerveillé du chercheur, le gène qui pouvait réparer les dommages causés par le temps était apparu. Le secret de l’éternité… Un premier pas, comme une promesse lointaine d’un élixir de jouvence pour des hommes pas encore nés.
Nelumbo nucifera, la fleur aux mille secrets ?