Frontière
Il est une barrière invisible et ancestrale que bien des hommes franchissent alors qu’ils ne le devraient pas.
Elle ne ressemble ni aux mers ou au fleuves qui séparent les cultures et font naître les pays. Elle n’est pas le mur que l’on érige entre les idéologies forcenées ni les barbelés que l’on pose entre les religions par peur de l’étranger, ni même les fossés que l’on creuse au nom du droit ou de l’égalité.
Cette frontière là n’est pas à la confluence du bien et du mal. Elle les dépasse, elle est ailleurs, et parfois il est possible de la distinguer dans les horreurs et les drames que l’histoire se plait à répéter.
Cette frontière là se cache au plus profond de nos têtes, dans cet espace infime qui sépare l’homme et la bête, le respect de la vie et l’instinct primaire du prédateur.
Il aura fallu des temps immémoriaux pour que nos lointains ancêtres s’extirpent de leur statut d’animalité, il nous suffit d’un pas que l’on fait ou pas pour y retomber.
Alors, pendant que nous parlons d’amour et de beauté, de toutes ces choses merveilleuses qu’il nous est permis de vivre et de contempler, loin de nos regards trop souvent baissés, ce sont des monstres qui naissent, qui prospèrent, et des mondes qui sont assassinés.
De cette frontière gravée dans la nature humaine, pourrons nous un jour nous délivrer et conquérir ainsi une ultime liberté ? Il faut en avoir l’espoir et y travailler. Sans cette utopie, il n’est pas d’avenir qui nous soit donné.